Au début du mois de décembre, avant nos examens, nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec Thomas Lièvremont. 3 TOP 14, une finale de Coupe du Monde, une finale de Coupe d’Europe ou encore 3 Six Nations, Thomas a tout raflé au cours de sa carrière. Au cours de cet interview, ce fut l’occasion de revenir sur sa carrière de joueur, sur sa carrière d’entraîneur ou encore la relation particulière qu’il a pu entretenir avec ses frères. Ses expériences sous le maillot tricolore, avoir coaché les Dupont, Penaud et consorts et enfin son histoire avec la sélection roumaine, Thomas Lièvremont nous partage les moments forts de sa carrière à travers les lignes suivantes…
1- Thomas, vous êtes passé par de grands clubs tels que l’USAP, Dax ou encore Biarritz mais vous avez été formé du côté d’Argelès, qu’est-ce que ce club représente pour vous ?
Ce club représente beaucoup pour moi. Il ne faut surtout pas oublier d’où l’on vient. Mon père était militaire et il a fini sa carrière dans les Pyrénées. Ainsi, nous nous sommes retrouvés mes six frères et moi à jouer pendant un long moment à Argelès-sur-Mer. Cette école de rugby m’a beaucoup apporté. En effet, j’y suis resté jusqu’à mes 23 ans et je qualifie cette école « d’école de la vie ».
"nous sommes sept frères dont cinq à avoir joué à haut niveau. Moi, j’ai eu la chance de pouvoir évoluer avec Marc et Matthieu"
2- Dans le monde du rugby, les Lièvremont sont connus pour être une grande famille. Avoir joué avec vos frères vous-a-t-il aidé au cours de votre carrière ? Dans la famille, nous sommes sept frères dont cinq à avoir joué à haut niveau. Moi, j’ai eu la chance de pouvoir évoluer avec Marc et Matthieu et évidemment, c’était un plus, nous avions des repères en tant que frères. J’ai joué avec Matthieu à Dax, avec Marc en Équipe de France, mais il n’y a jamais eu de concurrence entre nous. Le hasard a fait qu’avec Marc, nous nous sommes aussi retrouvés en finale du TOP 14, l’un contre l’autre, en 1998, quand lui évoluait sous les couleurs du Stade Français et que moi, je jouais pour l’USAP.
3- Vous avez un palmarès très garni, vous avez remporté 3 TOP 14, 3 Tournois des Six Nations (dont 2 Grands Chelems), quel a été le titre qui vous a le plus marqué ?
Le titre qui m’a le plus marqué est bien évidemment le Grand Chelem réalisé en 2002, c’était un moment très fort. Le premier Bouclier de Brennus avec Biarritz fut aussi un moment fort, un rêve d’enfant qui se réalisait. Mais avant ces titres, jamais je n’aurai pensé devenir un jour professionnel.
4- Par rapport à ces nombreuses finales que vous avez jouées, sur quelle finale on a le plus de pression ? Une finale de TOP 14 ou une finale de Coupe d’Europe ? On a toujours un peu de pression quand on joue une finale, ce n’est pas une rencontre qu’on dispute tous les jours. Pour ma part, je dirais que la finale de Coupe d’Europe en 2006 face au Munster fut la rencontre où j’ai eu le plus de pression. Nous avions là l’occasion de toucher le graal, la tension était palpable avant de rentrer sur le terrain.
5- En 1996 vous honorez votre première sélection face au Pays de Galles, que ressentez-vous au moment de chanter votre première Marseillaise ?
Ma première Marseillaise a été un moment prenant. Elle m’a permis de réaliser avec beaucoup de fierté que j’avais réussi mon rêve de participer à un match du XV de France. De plus, ce fut un match spécial, le dernier du Pays de Galles dans l’ARM’S PARK de Cardiff. Malgré une courte défaite de l’équipe, j’en garde un excellent souvenir.
" je ne considère pas cette finale perdue face à l’Australie (35-12 ndlr) comme le plus gros crève-cœur de mes années de rugby."
6- Est-ce que la défaite en finale de la CDM 1999 résonne à ce jour comme étant le plus gros crève-cœur de votre carrière ? Non, malgré le fait que je me sois blessé très tôt dans la compétition, notre parcours jusqu’à la finale était déjà beau. C’était la fin d’un parcours entamé l’année précédente, lors du Tournoi des Six Nations 1998. Forcément cela restera une cicatrice, un échec, mais ma carrière est déjà belle, je ne considère pas cette finale perdue face à l’Australie (35-12 ndlr) comme le plus gros crève-cœur de mes années de rugby.
7- Une fois votre carrière de joueur terminée à Dax en 2008, vous devenez entraîneur du club, comment cette bascule de joueur à entraîneur s’est-elle opérée ?
Cette bascule s’est passée naturellement. J’ai passé deux ans à Dax avec mon frère Matthieu et nous étions entrainés par Marc. Lorsque que Marc a été appelé pour devenir sélectionneur du XV de France, le club cherchait un nouvel entraîneur, on m’a donc proposé le poste que j’ai tout de suite accepté et pris ainsi le relais de mon frère.
8- Une fois entraîneur à Dax donc, votre frère Matthieu est joueur au sein du club, sous vos ordres, on suppose que vous entreteniez une relation particulière avec ce dernier à ce moment-là ?
On ne peut pas considérer son frère comme quelqu’un de commun. Ce fut une année particulière car entraîner les mêmes joueurs avec lesquels vous jouiez l’année précédente n’est pas chose aisée. En tant que capitaine, il a été un relais important entre moi et le reste du vestiaire tout au long de la saison. Nous avions fait une bonne année, tout proche de nous maintenir en TOP 14 malgré un effectif et un budget peu conséquent pour jouer dans l’Élite.
9- Pendant deux années vous avez été sélectionneur de l’Équipe de France-20 ans. À cette époque, quel jeune joueur français que vous avez coaché vous impressionnait le plus?
Les jeunes joueurs qui m’impressionnaient lorsque j’étais sélectionneur sont les mêmes qui m’impressionnent aujourd’hui. Je peux ainsi citer Antoine Dupont, Anthony Jelonch, Romain Ntamack ou encore Peato Mauvaka. Pour moi, ce sont des grands joueurs et des grands hommes.
10- Pourquoi avoir décidé de devenir sélectionneur de la Roumanie ? L’envie de découvrir une nouvelle expérience ? Tout à fait, j’avais envie de découvrir une nouvelle expérience. Compte tenu de ma vie en dehors du rugby, je me voyais mal comme un entraîneur de club présent tous les jours auprès des joueurs, mais plutôt comme un sélectionneur. J’aidais parfois les entraîneurs roumains notamment en leur filant un coup de main au niveau du jeu des avants et on m’a proposé de prendre le relais et devenir sélectionneur du pays. C’était un tout autre challenge, et je souhaitais avoir les clés du camion pour mener mon projet à bien. Malheureusement je n’ai pas eu cette possibilité et quand j’ai compris que je ne serai pas réellement le maître du projet, j’ai décidé de quitter mon poste.
11- Vous êtes désormais consultant pour Canal+ pour la PRO D2 notamment, pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce championnat de plus en plus dense ?
Le championnat est de plus en plus costaud avec des joueurs qui arrivent en PRO D2 avec de plus en plus de palmarès. Ce championnat est un « vrai marathon », les saisons sont très rudes mais permettent le développement de jeunes joueurs. On voit notamment depuis cette année un championnat encore plus resserré. Les matchs se vivent avant, pendant et après, on retrouve de grandes valeurs humaines dans ce championnat en pleine expansion.
12- Enfin, nous aimerions que vous nous donniez votre TOP 3 des troisièmes lignes avec qui vous avez évolué ? J’ai joué avec beaucoup de grands joueurs mais deux des trois places sont d’offices réservées à mes frères Marc et Matthieu, c’est impensable de ne pas les citer dans ce classement. Ensuite, je vais faire beaucoup de frustrés mais j’ajouterai Thierry Dusautoir.
C’est loin des terrains que Thomas vient de lancer sa nouvelle activité, la société AIA Sports. Cette dernière a pour vocation d’accompagner les clubs sportifs dans la performance et l'analyse des données des rencontres. Un nouveau projet pour l’ancien troisième ligne des Bleus qui même après avoir joué pendant plus de dix ans et entraîné de nombreuses équipes continue de travailler dans le monde du rugby, un vrai passionné…
▼Un grand merci à Thomas pour la gentillesse dont il a fait preuve à notre égard et le temps qu’il nous a consacré. Rugby_xv_news te souhaite le meilleur pour la suite de tes projets !
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