Longtemps accroché à ses racines massicoises, le début de carrière d’Andy Timo résonne pourtant bien loin de l’Hexagone. Un titre lors du championnat d’Europe U18 à sept, une Coupe du Monde U20 de rugby à 15 en Afrique du Sud l’été dernier et un sacre lors du tournoi de Los Angeles avec France à 7 début mars. À 18 ans, le natif de Massy a rejoint le Stade Français dans l’optique de se confronter aux plus grands. Son profil qui mêle puissance et explosivité est un atout certain pour la troisième ligne parisienne, mais il profite également à la sélection française à 7, en pleine préparation pour les Jeux Olympiques 2024. Confessions…
Comment le rugby est arrivé chez toi ?
Andy Timo : « J’habitais à Massy et j’ai pu découvrir le rugby à l’école primaire. Des intervenants du Rugby Club Massy Essonne venaient nous faire les cours de sport. Ils ont vu des qualités en moi quand je jouais et ils m’ont invité à venir aux entraînements. Et depuis ce jour-là, j’y suis allé et finalement, je ne suis jamais reparti. »
Parmi tes activités extra-scolaires, pourquoi avoir choisi le rugby ?
« Je faisais pas mal d’autres sports en réalité : du judo, du foot, mais aussi du taekwondo. Pendant les entraînements de rugby, j’ai directement accroché à tout ce qui était autour du contact. Il y a l’esprit d’équipe aussi que j’ai directement ressenti et que je n’avais pas retrouvé au foot par exemple. J’ai directement accroché grâce à tout ça. »
Que retiens-tu de ton parcours chez les jeunes à Massy et comment analyses-tu ton basculement chez les pros la saison passée ?
« Ce sont mes meilleures années. Je pense que les années jeunes sont les meilleures et aussi les plus importantes. Le monde professionnel, c’est complétement différent. C’est à un autre niveau, c’est une autre mentalité. Je ne pourrai pas dire que c’est la perte de l’esprit d’équipe parce que qu’il est toujours là quand même, mais c’est plutôt autour de cette envie de s’amuser. Ce n’est plus vraiment de l’amusement. C’est devenu un travail et tu n’as plus vraiment cette notion d’amusement. Même si l’envie de gagner, tu l’as depuis petit, tu n’as plus cette envie de gagner en t’amusant. »
Mobile et très puissant, Andy n'a que 18 ans lorsqu'il découvre la Pro D2 avec Massy.
As-tu une saison « référence » lors de tes années de formation à Massy ?
« Mon année Alamercery. C’est la dernière année où il n’y a qu’une génération. Tu ne fusionnes pas avec deux générations, tu te retrouves seulement avec des potes avec qui tu as déjà passé la moitié de ton enfance. Je pense que c’est l’année où tu prends le plus de plaisir, et surtout où tu as le plus envie de jouer avec tous les gars autour de toi. »
Champion d’Europe U18 de rugby à 7 en 2021, comment ton profil de troisième ligne est arrivé sur les pelouses du Sevens ?
« J’ai commencé par faire un stage en U14 avec Frédéric Pomarel. Il organisait des stages de rugby chez lui à Souillac (46). Il m’a fait découvrir le sept et j’ai accroché assez vite. C’était un peu dur dès le début, j’étais un peu jeune et je ne comprenais pas trop, mais oui, grâce à ça, je connaissais un peu le Sevens avant d’être champion d’Europe U18. En club il y a aussi des périodes dans lesquelles tu peux faire des tournois et malheureusement la première année où s’est arrivé, je ne pouvais pas y participer parce que j’étais blessé. Finalement, c’est vraiment grâce à ce stage que j’ai découvert le monde du 7. »
Renversant dans le couloir, Andy s'est également mué en finisseur à plusieurs reprises à Massy
Malgré le contexte sportif compliqué (une descente en Nationale et une longue série de défaites) que gardes-tu de ta première saison professionnelle à Massy ?
« La maturité d’être dans un vestiaire professionnel. Ce n’est pas du tout le même monde, tu as vraiment une nouvelle appréhension : Tu es un jeune. Même si tu as le niveau pour jouer, tu as vraiment cette étiquette de jeune. Tu dois leur montrer et leur prouver que tu peux faire partie de cette équipe lors de chaque match. »
Deuxième saison chez les pros et déjà plusieurs caps en équipe de France à 7 à seulement 19 ans. Comment expliques-tu ta maturité ?
« J’ai toujours été en avance sur mon âge au niveau de toutes ces étapes, alors j’ai toujours su le travailler et le conserver au fil des années. Mais oui, je pense que comme j’ai été en avance sur mon âge depuis tout petit ça m’a beaucoup aidé pour la suite et maintenant dans le monde professionnel. »
Ballon à une main et regard droit devant, Andy a multiplié les courses lors de la Coupe du monde u20
L’été dernier, tu signes au Stade Français. Quelles ont été tes motivations lors de cette décision ?
« J’ai fait ce choix pour la proximité. J’ai connu mon premier vestiaire pro à Massy et c’était très compliqué de m’intégrer. Même si c’était mon club formateur, c’était hyper compliqué. Je ne me voyais pas partir à l’autre bout de la terre, arriver en Top 14, et m’intégrer dans un vestiaire pro alors que c’est un club de Top 14. »
Est-ce difficile de quitter son club formateur ?
« C’était forcément très dur, très compliqué, même là, j’en suis encore très attaché. Quand je rentre, je pense que je passe plus de temps à Massy que chez moi. »
"Je pourrai dire que je suis champion du monde U20 même si ce n’est « que » U20, et je pourrai toujours le dire dans dix ans et dans vingt ans..."
Que gardes-tu de cette Coupe du Monde U20 lors de l’été 2023 ?
« Je garde le fait qu’on est Champion du Monde (rires). J’en garde bien sûr des souvenirs inoubliables, je pourrai dire que je suis champion du monde U20 même si ce n’est « que » U20, et je pourrai toujours le dire dans dix ans et dans vingt ans et c’est certain que tout le monde ne peut pas le dire. »
Lorsque tu fais tes débuts avec le Stade Français en Champions Cup, as-tu ressenti cette nouvelle marche et des standards encore plus élevés que précédemment ?
« C’était une étape de passée parce que je voulais joueur en pro assez rapidement et c’est sûr que c’est un cap de passé. Maintenant, je pense au prochain qui est celui de jouer en TOP 14. En termes de différence par rapport à la PRO D2, franchement, je n’ai pas senti trop de différence mise à part la vitesse d’exécution du jeu. On a quand même joué contre l’Irlande (le Leinster), et cette équipe nous a mis un rythme assez intense. Contre les Stormers, c’est une équipe d’Afrique du Sud très physique, c’est un autre rugby, même si la PRO D2 ça tape, là ça tapait vraiment beaucoup. »
Devant le champion du monde sud-africain Manie Libbok, Andy s'est offert un essai dès la première minute
Comment t’es-tu senti personnellement par rapport à ces adversités ?
« Franchement, je ne me suis pas senti submergé par leurs jeux. Je savais que ça allait jouer aussi vite, aussi bien et aussi fort. Du coup ça ne m’a pas vraiment surpris. J’ai fait une petite dizaine de matchs en PRO D2, alors je m’attendais à tout et ils ne m’ont pas déçu. »
Que retenir de la récente tournée américaine avec l’équipe de France à 7 ?
« On fait une troisième place à Vancouver et on va se chercher une finale à Los Angeles la semaine suivante. En réalité, c’est juste le fruit de notre travail. On est allé se la chercher, cela fait maintenant deux ans que l’on progresse fort, que l’on travaille pour arriver à ce niveau et aller chercher cette médaille d’or. »
Comment expliquer cette progression en l’espace d’un an ?
« L'année dernière, c’était ma première tournée (Vancouver 2023), et du coup ma première finale aussi. Une finale que l’on n’avait pas pu assumer contre l’Argentine, je pense que l’on n’était pas prêt. Un an après et bien cela nous réussit plus qu’autre chose. C’est le groupe qui a progressé et en l’espace d’un an la différence est monstrueuse. On a tous bossé de notre côté, pour être au niveau dans ce groupe. C’est le travail de tout un collectif. On a fait un stage aux Fidji, qui nous a pas mal aidé aussi, je pense, qui nous a resserré. Finalement, il y a aussi cette année JO qui nous booste. »
Aux prises avec les champions olympiques fidjiens, Andy s'en sort et assure la continuité du jeu
L’objectif était donc de remporter un tournoi avant l’été ?
« Oui, c’était clairement un objectif. Tous les tournois, on veut les gagner. Maintenant que l’on a trouvé le chemin de la mine d’or, maintenant qu’on y est, toutes les prochaines étapes, on va y aller pour atteindre la médaille d’or. »
Antoine Dupont a fait son intégration dans le groupe récemment, que peut-il vous apporter jusqu’aux JO ?
« Il va nous apporter son expérience à XV, parce que ça reste bien sûr du rugby et il a une sacrée expérience. C’est un des meilleurs joueurs du monde, alors il sera bien sûr important pour le groupe.»
Entre le sept et le quinze, sur quel terrain te sens-tu le plus à l’aise ?
« Je préfère le quinze, notamment par rapport aux phases de contact et l’aspect physique. »
Les sourires sont de mises à l'issue des récents tournois compte tenu des très bonnes performances Tricolores
Si tu pouvais donner un conseil à un jeune rugbyman qui a pour projet d’atteindre le niveau professionnel ?
« Ce n’est pas vraiment un conseil, mais plutôt une phrase sur laquelle je me suis appuyé plus jeune. L’entrainement bat le talent quand le talent ne s’entraine pas. »
Quelle a été ta motivation dans ta formation, celle qui t'a donné la force d’atteindre le niveau professionnel ?
« J’ai toujours été poussé par mon plus grand rêve, c’était de participer à cette Coupe du Monde 2023 avec le XV de France. Je ne l’ai finalement pas atteint, mais tous les matins, je me levais avec ce même objectif de participer à cette coupe du monde. Je suis maintenant tourné vers mon prochain objectif, celui de participer aux JO. »
Propos recueillis par Augustin Anuset
Un grand merci à Andy pour sa gentillesse et sa disponibilité ! L'équipe de RugbyXVNews te souhaite le meilleur dans tes aventures avec le Stade Français et l'équipe de France à 7 !
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