Il est l’une des bonnes surprises de ce début de championnat de PRO D2. À seulement 22 ans, le demi de mêlée de Montauban Alexis Bernadet enchaîne les titularisations au sein d’une équipe convaincante, installée sur le podium du championnat. Un début de saison ultra-satisfaisant pour le jeune numéro 9 passé par les catégories jeunes du Stade Français, mais également pour son club, proche d’être relégué à l’issue du dernier exercice. Pour RugbyXVNews, Alexis Bernadet revient sur son parcours, cette fin de saison dernière sous tension, la confiance que lui accorde le staff montalbanais et nous parle même de certains de ses coéquipiers.
Pour commencer, parle-nous un peu de ton parcours et comment es-tu arrivé ici, à Montauban ?
J’ai un parcours un peu atypique. J’ai commencé le rugby dans la région toulousaine, dans le Lauragais où j’ai grandi avant de partir en région parisienne, car mon père avait été muté. Là-bas j’ai joué au PUC, le Paris Université Club, puis j’ai fait le Pôle Espoirs Lakanal avant de partir au Stade Français. J’y ai joué en Crabos, j’étais gardé en espoirs mais je sentais que le club ne misait pas à 100% sur moi, alors quand j’ai su que je devais revenir dans le Sud pour les études, j’ai décidé de quitter Paris et de revenir près de Toulouse, à l'Avenir Castanéen, où je jouais en Espoirs Fédérale 1. Puis est arrivée l’heure du Covid et à ce moment-là, poussé par mon père, j’ai envoyé des vidéos à plusieurs « gros » clubs de la région. Montauban m’a demandé de venir faire des tests, j’ai été gardé et aujourd’hui je continue de porter les couleurs de l’USM.
Ces couleurs de l’USM, elles représentent beaucoup pour toi, originaire de la région ?
Évidemment, Montauban est un club historique du rugby français. Son stade Sapiac a une très belle histoire on ne peut qu’être heureux de porter les couleurs de l’USM. De plus, c’est un club très familial avec des dirigeants toujours là, qui donnent énormément de leur personne. Un public à fond derrière nous, ce qui m’avait notamment manqué quand je jouais en région parisienne, où la cohésion n’était pas la même, et pour moi, originaire de la campagne et attaché à ses valeurs, c’est très important de retrouver ça ici, à Montauban.
Comment s’est passée ton intégration au sein du groupe professionnel ?
On va dire qu’elle s’est faite toute naturellement. C’est David Gérard (ancien coach de l’USM et désormais membre du staff du Portugal) qui m’a donné ma première feuille de match, puis une fois que ce dernier a été écarté, le nouveau manager Pierre-Phillipe Lafond m’a fait confiance et j’ai commencé à enchaîner…
La saison dernière fut très dure pour l’USM qui a flirté avec la zone rouge mais qui a réussi à se sauver en toute fin d’année. Comment as-tu ressenti cette pression de la relégation ? Chose qui doit être difficile quand on est un jeune joueur…
Forcément j’ai ressenti de la pression mais j’ai tenté de garder un peu d’insouciance sur la pelouse. Cette pression je l’ai encore plus ressenti en dehors du terrain car les supporters se questionnaient et me demandaient ce qui n’allait pas dans le vestiaire.
À l’inverse, ce début de saison est plus que réussi pour le club mais également pour toi. Six feuilles de match en six journées avec notamment quatre titularisations, comment juges-tu tes performances ?
J’ai l’habitude d’être dur avec moi, au sujet de mes performances et même si je suis évidemment satisfait de mon temps de jeu, je sais que je peux largement faire mieux. J’aimerais prendre plus d’initiatives, tout en restant dans le cadre de jeu prôné par les coachs bien sûr, et surtout être plus régulier. Pendant un match, je peux être bon dans la gestion des momentum, dans la vitesse de jeu mais ne pas être à la hauteur en terme de jeu au pied. Le match d’après ça peut être le contraire…En fait j’aimerais que tout soit réuni le temps d’une rencontre entière, être parfait dans tous les compartiments du jeu.
Maintenant que tu enchaines les rencontres semaine après semaine, as-tu encore le temps de concilier le sport de haut niveau et les cours à l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées) ?
C’est difficile, du moins ça devient de plus en plus compliqué. J’entre en quatrième année de génie civil, j’ai repris les cours depuis un petit mois, et il est vrai que le rugby prend de plus en plus de place. Avec l’enchaînement des rencontres, des entraînements… maintenant le rythme est plus orienté sur du 80% sport-20% études.
Tous les jours, même s’il est actuellement blessé, tu côtoies un des meilleurs demis de mêlée du championnat en la personne de Shaun Venter. Que t’apporte-t-il au quotidien ?
C’est un super joueur, qui excelle dans tous les secteurs. Il est très bon dans la gestion des temps forts et temps faibles, il analyse très bien le jeu, les situations et possède un jeu au pied très précis. Donc forcément s’entraîner à ses côtés permet de progresser dans tous ces compartiments de jeu. En plus de cela, c’est une super personne. Et puis, si je pouvais également avoir son physique (rires..).
Le début de saison de l’US Montauban est très encourageant, quels objectifs vous vous étiez fixés avec le staff avant de démarrer le championnat ?
Cette année aucun objectif n’avait été fixé. Je pense que les coachs n’ont pas voulu réitérer les erreurs de l’année dernière et ont cette volonté de prendre les matchs les uns après les autres. Ces derniers ont plutôt mis l’accent sur des réunions orientées sur le partage, la transmission et les valeurs.
"L’état d’esprit est irréprochable"
On a parlé de Shaun Venter, mais tu évolues également aux côtés d’un autre très grand joueur, une véritable légende du club, en la personne de Jérome Bosviel. Quand il évolue en 10 à tes côtés, est-ce rassurant ?
Forcément, il a une expérience que je n’ai pas et il communique énormément. C’est un véritable chef d’orchestre, un leader sur le terrain et puisqu’il excelle dans la gestion des temps forts et temps faibles, il en prend les responsabilités et me dit « de ne pas me prendre la tête et de jouer à ma manière ». De plus, c’est agréable de jouer avec un joueur de sa trempe, avec un si long jeu au pied et un tempérament d’attaquant. Il a tout le temps envie de relancer et attaque énormément les intervalles en faisant parler sa vitesse. Jouer à ses côtés est vraiment très plaisant.
Toujours à l’USM, hormis Shaun Venter et Jérome Bosviel, quel joueur t’impressionne chaque jour ?
Si je devais sortir un nom, je dirais Bastien Guillemin. C’est un joueur très complet, très rapide, qui travaille énormément et surtout qui ne fait pas beaucoup de bruit. Il a quitté le TOP 14 pour venir ici mais je suis persuadé qu’il a toujours le niveau pour jouer dans l’Élite. Dans le même style je suis également impressionné par Segundo Tuculet et sur le paquet d’avants, je donnerais les noms de Kévin Gimeno et Quentin Witt.
Cette saison, on a l’impression qu’un collectif s’est retrouvé à Montauban, avec un état d’esprit irréprochable. Deux fois vous vous retrouvés à finir les rencontres à 14 contre 15 (contre Brive et le SAXV) et deux fois vous puisez dans vos ressources pour aller chercher la victoire. C’est bon pour la suite…
Oui tout à fait, à chaque fois qu’on a connu un coup dur dans un match on a su se remobiliser avec notre force de caractère. L’état d’esprit est irréprochable, tout le monde est solidaire et cela nous a permis de récupérer deux victoires sur des matchs très accrochés.
Comme tu l’as dit, plus jeune tu es passé par la région parisienne et tu as été au pole Espoirs Lakanal, ainsi qu’au Stade Français. Est-ce que déjà à cette époque, il y avait des joueurs que tu côtoyais qui t’impressionnaient et dont tu pensais qu’ils seraient capables de jouer à haut niveau?
À cette époque le joueur qui m’impressionnait le plus était Léo Barré, qui joue désormais en TOP 14 au Stade Français. J’ai également pu m’entraîner avec Jordan Joseph, champion du monde -20 ans et troisième ligne du Racing 92. Après il y a d’autres joueurs moins connus mais également très talentueux comme Andy Bordelai qui joue à Vannes et Jean Chezeau, lui aussi passé par le RCV et désormais ouvreur à Suresnes, en Nationale.
Sur la plupart de nos interviews, nous avons l’habitude de conclure avec une question très subjective qui concerne ton poste. Selon toi, qui sont actuellement les trois meilleurs numéro 9 du monde ?
Alors, à la surprise générale, en numéro 1 je vais dire… Antoine Dupont ! Impossible de ne pas le mettre. Pour l’accompagner, j’ai choisi Aaron Smith et Jamison Gibson-Park, le demi de mêlée irlandais.
Enfin, qu’est-ce que l’on peut te souhaiter pour la suite ?
Tout simplement de continuer sur cette lancée, enchaîner les feuilles de match, et de rester ambitieux pour le reste de la saison !
- Un grand merci à Alexis pour sa gentillesse et sa disponibilité ! L'équipe de RugbyXVNews te souhaite tout le meilleur pour la suite !
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